L’arrivée des institutionnels, banques et autres fonds d’investissements marque-t-elle un nouveau chapitre pour le secteur crypto ? « Il ne s’agit pas seulement d’un changement rapide de discours, mais d’une transformation profonde de l’ordre établi dans ce secteur. La crypto n’est plus le même marché qu’en 2017 ou 2021 », constate Ignas Defi dans un article de blog.
L’analyste identifie l’essor des stablecoins comme outil de rendement ou de paiement, des ETFs, mais aussi des DAT (Digital Asset Treasury companies) et la tokenisation des RWA (Real World Assets) comme les 4 indicateurs susceptibles de transformer en profondeur le marché des cryptomonnaies. Une transition qui pourrait remettre en cause, toujours selon Ignas DeFi, les cycles de 4 ans qui ont jusqu’à présent régit le marché crypto.
L’Autorité des marchés financiers (AMF) définit les ETF comme des « fonds côtés en continu qui cherchent à suivre le plus fidèlement possible l’évolution d’un indice boursier, à la hausse comme à la baisse ». Ces outils financiers permettent ainsi de s’exposer à différentes classes d’actifs comme des actions, des obligations mais aussi des devises ou encore des matières premières telles que l’or.
Depuis le mois d’avril 2024 et le lancement du premier ETF Bitcoin, ces trackers dédiés aux cryptomonnaies dominent le marché des ETF. De quoi permettre aux utilisateurs, principalement des fonds de pension, des conseillers ou des banques d’accumuler 6% des BTC et 5,9% des ETH en circulation en l’espace de quelques mois.
Alors que les cryptomonnaies passent de plus en plus dans les mains d’institutionnels, Ignas Defi observe également un passage de relais entre d’anciennes et de nouvelles whales.
L’entrée récente de ces gros portefeuilles sur le marché est-elle synonyme d’une consolidation des prix ? « Ce transfert réinitialise le coût de base à un niveau plus élevé. Il relève également le seuil pour les cycles futurs, car les nouveaux détenteurs ne vendront pas leurs titres pour réaliser de petits gains », poursuit l’analyste. Reste donc à savoir si le pouvoir d’achat des institutionnels s’avère suffisant pour absorber la pression vendeuse d’anciens détenteurs.
Au cours des premiers cycles, les stablecoins, ces jetons indexés sur le cours d’une monnaie comme le dollar, servaient principalement aux détenteurs de cryptomonnaies de réduire leur exposition à la volatilité du secteur. En cas de baisse des cours, ce capital de réserve servirait, dans la majorité des cas, au rachat de BTC, d’ETH ou d’altcoins. Mais la donne change.
Aujourd’hui, ces jetons stables permettent d’accéder à des prêts, d’être utilisés comme moyen de paiement, de générer du rendement voire même d’être utile au farming d’airdrops. Une diversification des cas d’usage qui soutient l’ensemble de l’écosystème en multipliant les transactions sur les L1 et les L2 ou en augmentant la liquidité sur des DEX. Toujours selon l’analyste, le fait que les stablecoins ne finissent pas en BTC ou ETH n’est pas une menace puisqu’ils constituent un catalyseur de revenus pour des protocoles, à l’instar d’Aave ou de Fluid.
Le développement de L1 comme Plasma ou Tempo exclusivement dédiés aux paiements en stablecoins soutient également l’utilité de ces cryptomonnaies au prix stable. Cette concurrence peut également constituer une menace pour les revenus de l’écosystème Ethereum ou encore du L1 Tron. Malgré ce risque, Ignas Defi voit dans l’essor de l’utilité de stablecoins un gage de crédibilité bénéfique à l’ensemble de l’écosystème.
Ignas DeFi ne cache pas son inquiétude vis-à-vis des Digital Asset Treasure (DAT), ces sociétés dont le modèle économique repose sur l’accumulation d’une cryptomonnaie. D’une part, celles-ci permettent d’accroître la liquidité en tant qu’alternative aux ETFs pour permettre aux institutionnels d’investir en cryptomonnaie.
Mais de la même manière qu’elles contribuent à augmenter la hausse des cours dans un cycle haussier, ces entités peuvent amplifier leur chute lorsque le vent tourne. L’analyste compare l’impact négatif que pourraient avoir ces entreprises sur l’écosystème à l’effet de levier des ventes forcés générées pendant l’effondrement de FTX.
Malgré ce risque, l’analyste voit dans ces structures un moyen de rapprocher le secteur des marchés boursiers. De quoi irriguer le marché crypto à l’heure où les capitaux privés semblent avoir atteint leur pic historique, comme en 2021. Mais aussi une opportunité pour les protocoles générant des revenus mais inéligibles aux ETF tels que Hype, Fluid ou encore Aave, d’entrer en bourse.
La tokenisation des Real World Asset (RWA) constitue le quatrième pilier du nouvel ordre des cryptomonnaies observé par Ignas DeFi. En offrant aux détenteurs l’accès à des fonds indiciels, des actions ou des obligations, ces instruments transforment l’expérience utilisateur en profondeur. Inutile de quitter la blockchain pour investir dans le SP500 ou des bons du trésor, un détenteur peut accéder à la finance traditionnelle tout en conservant du BTC, de l’ETH ou des stablecoins.
Une évolution qui permet à l’écosystème de participer directement à l’économie globale. Aave Horizon, qui permet de déposer des tokens du SP500 et d’emprunter en contrepartie, un cas d’usage inexistant dans la TradFi, illustre parfaitement ce changement. Encore à ses débuts, cette tendance est une opportunité de faire de la DeFi un véritable marché de capitaux tout en embarquant l’économie mondiale onchain.
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