
Tu te connectes à Substack, TikTok, X ou Instagram pour publier.
Tu réalises que ton compte a été suspendu pour non-respect de la politique.
Tu fais appel à la décision.
Tu retrouves finalement ton compte après quelques jours mais gardes un petit goût amer en bouche.
« Pourquoi mon compte a-t-il été suspendu ? » Difficile d’en savoir plus à ce stade, malgré une demande d’explications envoyé au service client. Le scénario fait écho à de nombreux utilisateurs de plateformes sociales comme TikTok, X ou Instagram, où il est courant de voir des suspensions de comptes pour non respect des politiques d’utilisation. Difficile pour autant de trouver des statistiques sur le phénomène.
Evidemment, tu n’es pas dupe.
La plupart de ces outils s’appuie sur des outils d’automatisation pour surveiller les comportements des utilisateurs. Mais pour un bot, pas de place au doute. Un contenu est jugé intègre ou litigieux. C’est donc la vérification effectuée par un humain qui permet de restaurer le compte. Mais le mal est déjà fait.
Pour un petit compte comme le mien, l’incident n’est certes pas dramatique. Mais pour créateur de contenus suivi par des milliers d’abonnés dont les revenus reposent sur cette activité, c’est une autre problématique. Outre l’incapacité à pouvoir exercer son activité, cela entraîne la perte du lien avec sa communauté. Imaginez ne plus pouvoir interagir avec vos milliers d’abonnés.
Bien que ces gardes-fou s’avèrent utiles pour éviter les dérives en ligne, l’exemple soulève tout de même quelques problématiques. D’une part, le manque de transparence des plateformes qui se contentent de restaurer (ou non) le compte sans préciser la raison de la suspension. Comment éviter la censure si l’on est incapable de savoir quel contenu a posé problème ?
Mais cela interroge surtout sur notre capacité à détenir notre identité numérique. Lors du rachat de Twitter par Elon Musk, l’utilisateur détenteur du handle @x s’est vu racketté son nom d’utilisateur par la plateforme sans consultation ni contrepartie. Et si la décentralisation des réseaux sociaux était le dernier rempart contre la censure ?
Dans le web3, des protocoles open-source comme Farcaster ou Lens proposent à leur utilisateur de reprendre la main sur leur identité digitale. La promesse consiste notamment à rattacher le social graph, qui comprend votre nom d’utilisateur, vos publications mais aussi vos abonnés, à une adresse cryptographique.
Autrement dit, votre identité reste indépendante des plateformes. Vous avez donc la possibilité de stocker les données rattachées à votre compte social ce qui permet d’assurer la portabilité de votre identité numérique. Si l’un des réseaux sociaux qui utilise le client Farcaster était amené à fermer, vous pourriez ainsi conserver vos abonnés et vos publications.
Admettons qu’Instagram et TikTok utilisent le client Farcaster. Si demain, TikTok se voit interdit en Europe comme cela a été le cas aux Etats-Unis, un créateur de contenu garderait la main sur son historique. Plus encore, il pourrait toujours intéragir avec sa communauté via Instagram.
Ce modèle social interopérable rend les créateurs de contenus propriétaire de leur identité numérique. Une proposition qui n’est pas parfaite. Elle comporte certaines barrières, dont la gestion d’un wallet crypto, implique de payer pour stocker ses données et offre une portée limitée compte tenu de la faible adoption actuelle de ces outils.
Et si elle n’exempt pas les créateurs de contenus de modération, elle constitue une alternative intéressante pour construire un internet (un peu) plus libre. De quoi remettre en cause le modèle locatif qui s’est démocratisé à toutes les branches de l’économie numérique.
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